Il veut balayer le travail au noir
EMPLOYÉE DE MAISON • Marc Espirito est le responsable pour la Suisse romande
de l'agence Putzfrau, qui salarie des femmes de ménage, et les déclare aux autorités.
Marc Espirito, un jour, a voulu engager une femme de ménage. Il s'est alors rendu compte que ce n'était pas chose aisée, surtout si on veut opérer dans les règles de l'art. En effet, dans ce secteur économique bien spécifique – à savoir les tâches domestiques chez les particuliers –, le marché noir est la norme. «En Suisse, actuellement, quelque 420 000 ménages ont recours à une employée de maison. Or seuls 100'000 d'entre eux la déclarent aux autorités », relève-t-il.
Interpellé par cette situation, Marc Espirito a souhaité réagir. Avec un ami, il a créé l'agence Putzfrau, qui, neuf ans plus tard, a investi toute la Suisse alémanique. Et la voilà lancée à la conquête du marché romand, et notamment du canton de Fribourg.
L'agence a mille femmes de ménage sous contrat dans toute la Suisse
«Nous avons commencé à Zurich, en 2002. A l'époque, il n'existait aucune structure pour ce type de situation. Depuis, le système chèque-emploi a été créé, mais ça ne résout de loin pas tous les problèmes, et peu de monde a recours à ses services.»
Femmes de ménage salariées
Le principe est simple. Les particuliers s'adresse à l'agence Putzfrau, qui, de son côté, engage les femmes de ménage. Ces dernières, salariées de la société, sont ensuite envoyées auprès des clients. «L'avantage du procédé, c'est que nous nous occupons de tout, en particulier des charges sociales. Nous sommes aussi exigeants, et nos clients savent qu'ils ont affaire à du personnel compétent. Et si une employée est malade, elle est immédiatement remplacée », poursuit Marc Espirito.
Simple, efficace, mais, on s'en doute, un tel service a un coût. Putzfrau facture à ses clients 39 francs – tout compris – l'heure de travail à domicile. «Nous payons nos femmes de ménage 25 francs de l'heure en moyenne. C'est un tarif nettement supérieur à celui en vigueur dans les entreprises de nettoyage qui allouent leurs services aux sociétés. Chez eux, la convention collective prévoit 18 francs de l'heure», note-t-il. Et de préciser qu'économiquement, Putzfrau est rentable, mais que ses marges sont inférieures à celles des enseignes spécialisées.
L'agence a actuellement mille employees sous contrat dans toute la Suisse, mais principalement outré Sarine. A la fin de 2010, elle a installé une antenne à Villeneuve (VD), d'où elle entend rayonner à travers toute la Suisse romande. Elle est active dans le canton de Fribourg depuis quatre mois, avec une quinzaine d'employées sous contrat. «Si notre concept trouve suffisamment d'écho, nous ouvrirons un bureau à Fribourg.»
Retour aux sources
Pour Marc Espirito, 48 ans, en charge de développer la société Putzfrau en Suisse romande, cette mission est synonyme de retour aux sources. Vaudois d'origine, il a longuement vécu outre-Sarine, après ses études à l'Ecole des hautes études commerciales de Saint-Gall. Aujourd'hui, il ne travaille plus que pour l'agence des femmes de ménage. «Je suis spécialisé dans la création de sociétés. Mais j'agis aussi par convictions éthiques. En Suisse, 75% du personnel de maison est employé au noir. Cela représente pour 192 millions de francs de charges sociales et ce sont 9,2 millions de francs qui échappent au fisc. C'est un vrai problème.»
Marc Espirito: «En Suisse, 75% du personnel de maison est employé au noir. C'est un problème.» ALAIN WICHT
Auteur: FRANÇOIS MAURON